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Le bismuth ultrafin : une option prometteuse inattendue pour l’électronique verte

Une Ă©quipe de recherche de l’UniversitĂ© şĂÉ«TVl a observĂ© un effet Ă©lectrique surprenant qui reste stable malgrĂ© des variations extrĂŞmes de tempĂ©ratures
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 10 March 2025

Les propriĂ©tĂ©s Ă©lectriques des matĂ©riaux qui entrent dans la composition des appareils Ă©lectroniques varient en fonction de la tempĂ©rature, ce qui compromet la stabilitĂ© dans des conditions extrĂŞmes. Or, une Ă©quipe de recherche de l’UniversitĂ© şĂÉ«TVl a menĂ© une Ă©tude dont les rĂ©sultats bousculent les idĂ©es reçues en physique et laissent entendre que le bismuth pourrait servir d’élĂ©ment de base dans la fabrication de composants Ă©lectroniques très stables.

Les chercheurs ont constaté un mystérieux effet électrique invariable sur un flocon ultramince de ce métal soumis à une vaste gamme de températures, allant de près du zéro absolu (-273 °C) à la température ambiante.

« Cette dĂ©couverte pourrait reprĂ©senter une avancĂ©e importante pour l’électronique verte », soutient Guillaume Gervais, professeur de physique Ă  l’UniversitĂ© şĂÉ«TVl et coauteur de ±ô’étłÜ»ĺ±đ.

Elle pourrait mener à la création de composants et d’appareils électroniques plus efficaces, stables et respectueux de l’environnement, notamment en exploration spatiale et dans le domaine médical. En outre, le bismuth est non toxique et biocompatible.

« On s’attendait à voir cet effet disparaître à mesure qu’on augmentait la température, mais il s’est maintenu. On est allé jusqu’à la température ambiante, et on pouvait encore l’observer! J’étais tellement persuadé que l’effet se dissiperait que j’ai parié une bouteille de vin avec mes étudiants Oulin Yu et Frédéric Boivin. Finalement, j’ai perdu », raconte le professeur Gervais.

L’approche de la râpe à fromage

Publiée dans la revue Physical Review Letters, fait état d’un effet Hall anormal, indépendant de la température, observé sur un échantillon de bismuth de 68 nanomètres d’épaisseur. L’effet Hall, soit l’apparition d’une tension perpendiculaire au courant appliqué, est généralement associé à des matériaux ayant des propriétés magnétiques. Toutefois, comme le bismuth est diamagnétique, ce comportement est inhabituel.

Pour parvenir Ă  leurs fins, le professeur Gervais et ses collègues, notamment l’auteur principal de ±ô’étłÜ»ĺ±đ et doctorant Oulin Yu, ont mis au point une nouvelle technique permettant d’obtenir du bismuth ultrafin. S’inspirant de la râpe Ă  fromage, l’équipe a rĂ©alisĂ© des rainures microscopiques dans une tranche de semi-conducteur, puis elle a taillĂ© mĂ©caniquement de fines couches de bismuth. Les chercheurs ont ensuite soumis ces flocons Ă  des champs magnĂ©tiques des dizaines de milliers de fois plus puissants que ceux d’un aimant de rĂ©frigĂ©rateur, au National High Magnetic Field Laboratory, en Floride.

Une découverte qui défie les lois de la physique?

Comme des études antérieures donnaient à penser que le bismuth ne pouvait pas produire d’effet Hall anormal, les résultats obtenus par l’équipe sont d’autant plus étonnants.

« Aucune théorie n’explique nos résultats. Nous n’avons que des bribes d’explications possibles », explique le professeur Gervais.

D’après l’une des hypothèses avancées, la structure atomique du bismuth limiterait le mouvement des électrons et reproduirait le comportement des matériaux topologiques, substances découvertes récemment dont la surface et l’intérieur présentent des propriétés différentes. Ces matériaux pourraient révolutionner l’informatique.

L’équipe de recherche s’affairera maintenant à déterminer s’il est possible d’obtenir un effet Hall quantique anormal avec le bismuth. Cette avancée pourrait ouvrir la voie à des dispositifs électroniques fonctionnant à des températures plus élevées.

ł˘â€™Ă©tłÜ»ĺ±đ

L’article « », par Guillaume Gervais, Oulin Yu et coll., a été publié dans la revue Physical Review Letters.

ł˘â€™Ă©tłÜ»ĺ±đ a Ă©tĂ© financĂ©e par le fonds Nouvelles frontières en recherche, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en gĂ©nie du Canada (CRSNG), le CIFAR, le Fonds de recherche du QuĂ©bec – Nature et technologies, CXC (entreprise basĂ©e Ă  MontrĂ©al), ainsi que la National Science Foundation (NSF) pour les travaux rĂ©alisĂ©s au National High Magnetic Field Laboratory, en Floride.

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